Fiche n° 14 - NOTRE VIE CHRÉTIENNE
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“ Les bases théologiques qui définissent notre identité et qui nous rassemblent ”
(cf. Synode National de Vauvert – 1996 – décision XV)
NOTRE VIE CHRÉTIENNE
“ Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. (Eph 1.3-4)
Cette fiche présente une sélection de sujets bibliques et théologiques qui déterminent la conception et la pratique de notre vie chrétienne. Elle s'appuie sur les autres fiches traitant de questions plus doctrinales.
Une marche dans la foi
Le préalable indispensable à toute vie chrétienne est d'avoir rencontré son Auteur, Jésus-Christ, qui nous sauve de nos péchés et nous réconcilie avec Dieu en nous unissant à Lui dans sa mort et sa résurrection par l'action du Saint-Esprit (voir fiche n∞7). Cette expérience fondatrice se traduit dans une démarche de foi. Cette derniËre est la condition nécessaire et suffisante du salut. Par elle, je suis introduit dans la vie de l'Esprit. En effet, l'Esprit-Saint suscite la foi (1 Cor 12.3) et en mÍme temps il est donné en réponse ‡ la foi (Gal 3.2). De sorte que la vie dans l'Esprit, c'est la vie par la foi. Au-del‡ de la rencontre initiale avec Dieu, la foi demeure donc le moteur permanent de toute vie chrétienne. C'est "par la foi" que les témoins de l'ancienne alliance (Héb 11) comme ceux de la nouvelle (1 Jn 5.4) ont pu, et peuvent "vaincre le monde", et ainsi vivre dans la fidélité au Dieu de leur salut. La sanctification, comme la justification, repose entièrement sur la foi. C'est dire si l'entretien et la croissance de la foi (Mt 17.20) doivent être au centre de la vie chrétienne. Tout ce qui suit se situe dans cette dynamique.
I. Points d’ancrage
1. Déjà et pas encore (Rom 8.18-25)
Le salut, la vie éternelle, la sainteté, nous les avons déjà pleinement dans notre union à Jésus-Christ, mais sous forme de prémices ; la réalisation totale est à venir. D'où la nécessité de la foi et de l'espérance pour avancer spirituellement. Le “ déjà ” de ce que nous a acquis le Christ nous délivre d'une quête angoissante du salut et le “ pas encore ” à vivre jusqu'à la manifestation totale du salut nous incite à progresser dans la sanctification sans nous décourager.
2. Arracher et planter (Eph 4.17-24)
Cette image empruntée au prophète Jérémie (1.10) indique la double tâche qui nous incombe dans la marche chrétienne : arracher de nous ce qui est encore lié à notre vieille nature et planter, faire croître les semences de la vie nouvelle. Il n'est pas question de deux étapes successives, mais d'un double processus à mener de pair.
3. Une intelligence renouvelée (Rom 12.1-2)
Un aspect souvent trop négligé dans ce processus est la transformation de notre intelligence. Plutôt que de renoncer à raisonner, il s'agit de le faire à la lumière de la Parole et d'examiner la réalité dans l'intelligence du mystère du Christ. Pour ne pas agir selon nos seules émotions et pour développer une attitude responsable dans ce monde.
4. Oui, mais pas tout seul (1 Tim 3.14-15)
Si notre salut et notre relation avec Dieu nous impliquent au niveau personnel, nous sommes aussi intégrés au Corps du Christ qu'est l'Eglise, le rassemblement des croyants en son nom (Matt 18.20). Il est donc important de se joindre à une assemblée car c'est là que nous recevons ce que les Réformateurs appelaient les moyens de grâce : la Parole, la Cène et la prière principalement.
5. Aimer (Rom 13.8-10)
Le résumé que Jésus puis Paul font du Décalogue nous indique bien que si Dieu est l'objet premier de notre foi et de notre amour, cela ne peut que se traduire par l'amour actif et concret du prochain. Tout le mouvement de la diaconie et de l'évangélisation s'enracine dans ce double commandement.
6. La dynamique de l'élection (Phil 2.12-13)
La doctrine de la prédestination (ou élection) divine bien comprise constitue un puissant appel à nous impliquer de tout notre être en réponse à l'engagement total de Dieu pour notre salut et notre croissance spirituelle.
7. Pour la seule gloire de Dieu (1 Cor 10.31)
Si nous devons tout à la grâce de Dieu, notre préoccupation principale va être de lui rendre gloire par le moyen de l'adoration et par des vies consacrées. “ Glorifier Dieu ” est “ le but principal de la vie de l'homme ”, est-il écrit en ouverture du Petit Catéchisme de Westminster.
II. La vie cultuelle
1. Le culte communautaire (Act 2.42 ; 20.7)
Le rassemblement principal des chrétiens a lieu le dimanche, jour de la résurrection de Jésus. Le culte est pour les croyants une réponse enthousiaste à la sainte convocation que leur adresse le Seigneur. Là où la Parole est fidèlement prêchée et les sacrements droitement administrés, il y a Eglise, disaient les Réformateurs.
2. Le culte personnel (Ps 139.23-24)
Pour rester ces pierres vivantes, le protestantisme a également développé la bonne habitude d'un temps à part quotidien de culte personnel alimenté par la méditation des Ecritures et la prière.
3. Le culte familial (Jos 24.15)
Le couple et la famille étant comme une Eglise en miniature, la dimension familiale du culte est aussi une bonne tradition. Elle reprend les mêmes ingrédients que pour les temps personnels et communautaires, à des moments et avec des formes variables.
III. La Parole de Dieu
1. Un éventail de possibilités (Jacq 1.22-25)
Il existe au moins trois façons complémentaires de se nourrir de la Parole de Dieu :
l'écoute en Eglise de la prédication dominicale qui nous permet de recevoir un mot d'ordre, une exhortation, ou un encouragement ;
la lecture personnelle qui nous met en contact direct avec la Parole du Seigneur, ce qui est très formateur ;
les études bibliques en groupes qui combinent, en quelque sorte, les deux pratiques précédentes en y ajoutant la dimension de l'échange.
De nombreux outils sont à notre disposition pour faciliter et approfondir la lecture de la Bible : traductions disposant de notes détaillées, liste biblique quotidienne avec commentaires, dictionnaires, commentaires, cédéroms.
2. Principes cardinaux
Les quatre points suivants sont typiques de la piété réformée.
Le “ personnage ” central. [Jean 20.30-31]. L'Ancien Testament l'annonce, les Evangiles nous le décrivent et les Epîtres du Nouveau Testament s'en inspirent abondamment : oui, Jésus-Christ la Parole faite chair (Jean 1.14) et son œuvre pour nous constituent le cœur du message biblique ;
Loi et Evangile. [Ps 119.33-34. 2 Tim 2.8-13]. Dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, la Bible est à la fois Loi et Evangile. La Loi désigne tout ce qui relève des exigences divines pour nous exhorter dans la foi (ce que Dieu attend de nous). Et l'Evangile présente les promesses qui découlent de la grâce et nous encouragent (ce que Dieu fait pour nous). Ces deux pôles bibliques complémentaires correspondent aux attributs de la justice et de l'amour qui cohabitent en Dieu ;
La lecture personnelle. [Ps 119. 11,105,147-149]. La Bible étant la Parole que Dieu nous met à disposition pour éclairer notre quotidien, il est bon de prendre le temps de la réflexion et de la prière pour que ce que nous lisons nous parle vraiment et que nous l'appliquions à nos vies ;
Une place de choix. [Col 3.16]. A l'intersection de la réflexion et de la prière, la méditation, le chant et la récitation du livre des Psaumes ont enrichi la spiritualité judéo-chrétienne à toutes les époques. Ce livre biblique n'est pas supérieur aux autres, mais il a cette particularité d'exprimer la plupart des facettes de la relation des croyants avec Dieu. Il est donc particulièrement adéquat pour façonner notre piété.
IV. La prière
1. Les lieux principaux (1 Tim 2.8)
Comme pour le contact avec la Bible, la prière peut se pratiquer surtout :
lors du culte dominical ;
individuellement ;
dans des groupes ou cellules de prière.
Dans chacun de ces lieux, l'on peut exprimer la prière de façon liturgique en s'associant à des textes existants et de façon spontanée en s'adressant au Seigneur tour à tour. L'essentiel est d'aborder la prière de façon vivante et convaincue.
2. Les attitudes clé
La prière prend trois formes essentielles :
“ Merci ! ” [Eph 5.20]. C'est la prière de louange et d'actions de grâces pour tout ce que le Seigneur fait pour nous et autour de nous dans son infinie bonté ;
“ Pardon ! ” [1 Jean 1.8-10]. Nous reconnaissons nos fautes, nous demandons pardon pour ce qui en nous attriste notre Père céleste et nous lui demandons la force de l'Esprit pour toujours mieux nous conformer à sa volonté ;
“ S'il-te-plaît ! ” [Phil 4.6]. Le Seigneur est celui qui pourvoit abondamment. Nous lui faisons connaître nos besoins, nous prions pour nos frères éprouvés, pour le monde en perdition.
3. Le modèle de toute prière (Matt 6.1-13)
Il s'agit bien entendu du “ Notre Père ”, une prière que l'on peut réciter mais qui va aussi et surtout servir de guide à notre prière seul ou en communauté. Ses trois principaux axes sont :
l'invocation de Dieu comme “ notre Père ” ;
la priorité des préoccupations du Royaume (les trois premières demandes) sur les nôtres, même légitimes ;
le caractère complet de ce modèle qui a été parfaitement accompli par Jésus-Christ et qui nous engage
V. Témoignage et action
1. La Providence divine (Jacq 1.16-17)
En plus de la Révélation particulière de son plan de salut en Christ, Dieu, dans sa Providence, révèle aussi quelque chose de sa Personne aux hommes de façon générale et maintient le monde hors du chaos dans lequel le péché devrait le plonger. Cela n'est pas sans incidences sur la compréhension de notre rôle sur terre.
2. Témoins de l'Evangile (Act 1.8)
La doctrine de la Providence nous rappelle que si l'homme est pécheur, il est d'abord créé à l'image de Dieu. Et même si cette image est très détériorée, il subsiste en lui et dans toute société des points d'accrochage “ naturels ” qui vont aider à faire passer la Bonne Nouvelle. Il s'agit donc de les repérer et de les exploiter pour mieux communiquer l'Evangile. Par sa pratique de l'amour (Jean 13.34-35) et par son unité (Jean 17.21) en réponse à la présence du Christ, l'Eglise fait connaître le mystère du salut (Eph 3.10). Mais en conséquence de cette vision large, l'on doit ajouter qu'il existe autant de lieux de témoignage que de vie !
3. Agissants dans le monde (Gen 1.28 ; 2.15)
Ainsi, même si nous n'avons pas ici-bas de cité permanente (Hébr 13.14) un triple mandat nous est confié :
exercer notre travail et notre rôle social à la lumière des principes bibliques ;
nous engager activement dans la société selon nos dons ;
participer aux combats légitimes contre l'injustice.
Par la force de l'Esprit-Saint
(Rom 8.1-14)
Des origines à l'aboutissement de notre vie chrétienne, le Saint-Esprit nous unit à Christ, nous donne l'intelligence des Ecritures, porte en nous du bon fruit et nous donne la force de persévérer. Il est le garant des promesses divines en notre faveur.
“ Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. ” (Phil 1.6).